Aimez-vous les séries ? Gérard Wajcman les aime mais surtout les prend trés trés au sérieux. Au long de son dernier ouvrage, il démontre fermement que les séries donnent forme au moment présent. A coup de séries, de sériél, de sérieux, elles nous parlent et elles parlent de nous.
Les séries, le monde, la crise, les femmes, voici un essai qui a le nerf de cibler un monde qui nous déroute tellement. Un monde aux frontières floues (étranger ? différence sexuelle ? ) qui s’affranchit du règne du père et des images du bon vieux temps, où rien ne se dit, où plus rien de sûr ne lie les corps ensemble. On y est. Gérard Wajcman nous livre non pas ce qu’il connait des séries mais ce qu’il a vu ! Les séries sont de l’époque des Uns-tout-seuls. Le cinéma d’antan nous contait des histoires (la grande et la petite), nous parlait de sexualité, d’amour et de désir. Pragmatiques, les séries capturent des bouts de réel sans loi et répercutent l’insistance de la jouissance. Enjoy unlimited ! La grande différence est que dans le premier cas, on est toujours deux et, dans le second, toujours seul. En effet, la jouissance de chacun n’est complémentaire de celle de personne – elle se répète indéfiniment depuis qu’on l’a rencontrée une première fois d’une façon peu ou prou traumatique. C’est une espèce de drogue, mais bien plus variée que nos produits de synthèse – tout le monde est ainsi addict à quelque chose résultant de son existence-même !
« Une vie qui explose sans fin ». Un réel diffus et insituable. Feu d’artifice pour les téléspectateurs ! Comment ne pas penser à ce que Lacan logicise comme le côté féminin des êtres parlants ? Et est-ce pour cela que les femmes occupent le devant de la scène des séries ? La montée irrésistible des femmes, est-ce une chose d’avenir ? Nous touchons là à ce que Gérard Wajcman a eu le cran d’écrire dans cet essai troublant. Je ne manquerai pas de le questionner à ce sujet, lors de sa « petite conférence » à la librairie Ombres blanches, vendredi soir à 18h30.
Venez nombreux !